CHAMANES

Chamanes est un spectacle doux, ouaté, aérien comme une brume qui s’effiloche à la surface du lac dont il est question.

Quelques déplacements, juste pour aller se saisir d’un instrument de musique et par là même éclairer un autre morceau de la scène. Un subtil fil de mélodie, tendu en apesanteur comme un fil d’Ariane qui nous conduit doucement et sûrement de notre quotidien à l’univers animiste de ces trois contes. Le grondement étouffé d’un instrument étrange qui tient du coquillage, des perles cristallines qui s’échappent, comme les reflets du soleil rasant à la surface de l’eau, d’un autre instrument tout aussi étrange, qui semble contenir le cœur en fusion de la terre ou un univers lointain d’extraterrestre. Pas de mouvements intempestifs ni un son plus haut que l’autre. Tout est mystérieux, fantastique, silencieux comme une plaine couverte de neige. Un rivage au souffle suspendu à la Maeterlinck.

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Et la voix égrène trois histoires différentes et cependant en résonance, qui nous semblent familières au moment même où on les découvre. Il est question de femmes puissantes, et de chasseur disparu, d’ours polaires, de coyote, de corbeau, d'une plume de  geai... Et aussi de brins d’herbe et d’une falaise aussi et d’un lac et du ciel, et de la lune.

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La richesse des éclairages nimbe de complexité et de préciosité la scène minimale où la seule parole fait loi.

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Angelina Berforini, directrice de production à Marseille et à Aix-en-Provence, 10/10/18