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2021...

Quelles autres fenêtres ouvrir dans notre monde masqué et délétère, que les fenêtres de l'art ?

Alors on s'obstine à proposer, encore et encore, des moments d'échappée belle.

Des Cercles Conteurs en écoles et collèges à Clermont-Ferrand, et très bientôt, le collectage dans le quartier Saint Jacques à Clermont pour le projet : « Chemin de écoliers, traces sensibles », en partenariat avec le COA. On rêve de renouveler l’aventure « la Marche du rêve » , dans les Cévennes, cette fois.

Et si ça vous dit, je suis à votre disposition pour des balades contées , ou des contes à domicile, par exemple avec le spectacle CHAMANES près de chez vous, N’hésitez pas à me contacter !

 

Avril 20

Avril, gorgé de sève,

Envie de marcher au soleil, envie de semer, de rencontrer...

 

Ce mois-ci, fin des cercles conteurs en collèges : chacunE en repart avec quelques graines de contes, et le plaisir de les avoir partagées.

Du temps pour replonger dans CHAMANES, contes de traversées, de renaissance, qui va bientôt être rejoué

Du temps aussi pour construire Rivages : Balade contée au bord de l'eau...

Et de rêver à d'autres créations...

Mai 20

Bon, donc, ce printemps-là, on apprit l'existence d'une bestiole petite, petite, personne ne la voyait. Il fallait des appareils puissants pour en avoir l'image. Mais les machines, on les avait, et l'on a ainsi pu voir que la bestiole portait une couronne...

On n'a pas mis très longtemps à se rendre compte que cette bestiole-là avait des pouvoirs inouïs. Celui, bien sûr, de rendre très malade, et celui de faire mourir, mais cette capacité-là n'avait rien  de bien original, ça existait depuis longtemps. Non, sa spécificité, à la bestiole couronnée, c'était sa capacité à enfermer la plupart des humains dans leur maison, partout dans le monde, ça, c'était du jamais vu. On a dépoussiéré un mot pour dire cela, le mot confinement, qui est devenu, soudain un mot majeur, alors qu'il n'avait rien demandé.

En réalité, de nombreuses.eux humain.e.s étaient bien obligé.e.s de continuer à aller au travail, pour soigner les malades, mais aussi pour faire fonctionner un minimum de services. Certain.e.s trouvaient qu'il y avait des usines pas nécessaires qui continuaient de tourner. Certain.e.s pensaient que tout cela ne venait pas seulement d'un bête pangolin, celui qui nous avait fait cadeau de la bête à couronne. Mais ça, c'est une autre histoire.

Et le silence se posa sur les villes. Les voitures avaient arrêté de rouler, les avions avaient cessé de sillonner le ciel : quand on en voyait passer un, on se surprenait à penser : "Tiens, un avion qui transporte des malades dans un hôpital de chez nous..."

Elle ne riait même pas, la bestiole, ce n'était pas une bestiole dotée d'humour. Elle, elle cherchait juste à se multiplier, sans s'intéresser à rien d'autre.

Les humain.e.s, elle.il.s ont commencé par être un peu sonné.e.s, il faut bien le dire. Parmi les confiné.e.s, celles.eux dont le métier était de chanter, de danser, faire du théâtre, de la musique, raconter des histoires, se sont trouvé.e.s coupé.e.s de ce partage-là, de ce contact-là, être en face d'un public et exercer leur art, intervenir dans des écoles, des hôpitaux, des prisons, dans les rues, ou dans des salles de spectacle.

Mais peu à peu, elle.il.s se sont mis.e.s à leur fenêtre, à leur balcon, et elle.il.s ont commencé à inventer d'autres manières de se retrouver, de partager...

Bref, une histoire comme d'autres, où de toutes petites bestioles créent un bouleversement majeur (mais celui-là, attention, c'est un bouleversement majeur-géant). Et la suite de l'histoire, c'est nous qui l'inventons...

Les dates annulées, quand elles sauront où se poser, seront indiquées .

Pour les Cercles Conteurs commencés, j'enregistre quelques vidéos, mais chut, c'est seulement pour celles.eux qui savent... Peut-être, on sait jamais, si vous m'écrivez, certain.e.s pourraient avoir les codes d'accès. Et puis, si ça vous dit, à l’automne, une veillée contée chez vous, n’hésitez pas à le dire, c’est facile à organiser !

Au plaisir de se revoir, dès qu'on pourra !

Eté 2020

Donc, on ose à nouveau respirer, on s'ébroue...
On guette les retours de vagues, un peu anxieux, encore.

On se réhabitue au bruit de voitures dans les villes. Pour tout dire, on s'en serait bien passé !
Mais le rouge-queue n'a pas déserté notre jardin.
Les bouquetins du Sancy, eux, ont dû regagner leurs cachettes en altitude.

 

Et puis, le masque sur notre visage. Les débats, la défiance, la respiration bridée.
La difficulté d'en faire réellement bon usage.
On s'efforce de faire monter nos sourires dans nos yeux.

 

Envie d'inventer d'autres rendez-vous, petites jauges, lieux ouverts...

Ami.e.s, je me tiendrai à distance, mais vous parlerai à visage découvert.

Automne 2020

La chaleur, encore, un peu menaçante, et l'ambiance étrange des villes

avec de leurs passants masqués...

Et les mûres récoltées, une bonne odeur de confiture..

 

C'était bon, ces temps de retrouvailles d'Août :

un atelier Contes et collectage en EHPAD au Cendre,

des Cercles conteurs auprès des 3-5 ans et des 6-10 ans à l'espace Nelson Mandela (Clt Fd 63),

les balades contées dans le quartier du Mazet (Clt-Fd 63) en partenariat avec le café le GRIN,

qui eurent les honneurs d'un article de La Montagne,

et une représentation de Chamanes en Creuse (21).

 

A chaque fois, les contes ont pu prendre leur envol et créer de belles échappées :

nous en avions tous et toutes tellement besoin !

Décembre 2020 :

Le Prunus perdu dans le cours des saisons

Si peu de froideur, en ce début d’hiver… Certains arbres ont l'air de faner, de pas avoir le coeur à revêtir leurs parures d'automne. Il y a dans mon quartier un Prunus indécis, vous savez, les pruniers sauvages : feuilles d'automne et branches en fleur. Parfois les arbres font ça, juste avant de mourir...

Et puis, bien sûr, les curieuses options sanitaires : un deuxième confinement où l'on pouvait aller arpenter les hypermarchés et grandes surfaces de sport ou de bricolage, mais pas les librairies, pas les salles de théâtre, pas les chemins de forêt. Nous, autres, saltimbanques, avons pu intervenir dans les écoles, mais pas dans des salles de spectacle.

Le couvercle se soulève un peu : il faut bien permettre la saison des retrouvailles et les achats festifs. Du coup, nos dirigeants se rappellent soudain combien la culture est importante : après tout, c'est aussi une source de revenus...

En attendant le printemps...

Je rejoue Chamanes à Cusset, le 18  décembre à 18h30... (Non, non, c'est annulé). Les bibliothécaires sont en train de caler les conditions d'accueil, entre préservation sanitaire et couvre-feu : merci à elles ! Dès qu'on en sait plus, je vous dis… Infos ici.

Me voici engagée dans des Cercles Conteurs : quatre classes de l’école maternelle Victor Duruy, trois classes en élémentaire à Jules Vernes, à Clermont-Ferrand (63). En janvier, normalement, je propose cette animation au Collège Anatole France à Gerzat (63), et dans deux classes de l’école maternelle Jean Jaures, à Clermont. Bien sûr, dès 6 ans, les enfants sont masqués, comme amputés de la moitié de leur visage, et le premier confinement a laissé des traces. Mais ils sont toujours aussi vivants, animés du même appétit de vivre... On s'installe en rond, et on embarque pour dix séances de partage de parole conteuse.

Collectage dans le quartier Saint Jacques (Clermont-Ferrand, 63) avec trois amies conteuses, en partenariat avec le Collectif Oralité Auvergne, dans le cadre de la politique de la ville. Ça s'appelle : Sur le chemin des écoliers, mémoire sensible. On a affûté nos outils, pris contact avec le quartier, engagé des partenariats : hâte d'aller à la rencontre des enfants, des parents, des jeunes, des anciens, et de collecter leurs souvenirs : cela deviendra, à l'horizon 2021, une balade contée dans le quartier...

L'ami Mathieu Sabatier m'a offert une vidéo des flâneries contées qui ont eu lieu cet automne dans  le quartier du Mazet, à Clermont Ferrand (63). Merci à lui pour le temps et le savoir-faire offerts ! C'était quand on pouvait encore se promener en ville sans masque. Cette proposition peut aussi se caler près de chez vous !

Et puis, il faut que je vous raconte la Marche du rêve : 142 km, 19 jours de marche d'artistes cet automne dans le Puy de Dôme (63), à la rencontre des habitant.e.s qui nous ont accueilli.e.s et hébergé.e.s. Quelle belle aventure !

2022

Automne 22 :
précieux moments d'humanité partagée

 

C'était le 28 septembre dernier, dans un quartier populaire de Clermont Ferrand. Nous avons installé un espace accueillant pour ce premier Cercle Parents Enfants accueillant les tout-petits et leur famille dans le Pôle Petite Enfance du quartier.

Vers 16h, certains participants sont déjà arrivés, nous commençons à tisser avec leur prénom un lien de musique. Soudain, nous sommes surpris par un bruit de  pétards, tout proche. J’intègre à ma chanson l’hypothèse d’un bricolage : quelqu’un qui répare, ou aménage, et ça en fait, du bruit, tiens, ça recommence ? Les volets se ferment, je suis surprise, nous avions convenu en amont de profiter de la lumière du jour. Nous trouvons l’interrupteur.

D'autres parents arrivent accompagnés de la directrice. Tous sont saisis d'effroi : ce n'étaient pas des pétards, c'étaient des coups de feu, à deux pas, venus trouer ce mercredi après-midi.

Les nouveaux arrivants prennent place dans notre cercle. Je continue à installer ma séance, tenant à distance l'information donnée, avec le besoin un peu diffus de ne pas permettre à cette réalité-là d'envahir notre espace. Nous sommes là, petits et grands pour chanter, raconter, jouer avec nos doigts, nos mains.

A la fin de notre rencontre, le personnel et les parents de la crèche nous rejoignent. Il faut attendre encore près d'une heure pour avoir de nouveau la possibilité de sortir : "Les forces de l'ordre quadrillent le quartier". Temps intermédiaire, suspendu. S'installe l'odeur bienvenue d'un café que quelqu’un a eu la bonne idée de préparer… Les volets sont toujours fermés, nous parlons à mi-voix, les enfants jouent tranquillement. Anna, une des mamans de notre cercle, me fait part d'une comptine moldave que sa mère lui chantait quand elle était petite : un chant qui raconte les semailles, la levée du grain, la moisson. Les paroles s'accompagnent de sillons, frôlements, pinçottements, tracés par l'adulte sur le dos de l'enfant...

Nous finissons par pouvoir rentrer chez nous, lestés par ce vécu un peu irréel, auquel le journal La Montagne viendra donner, les jours suivants, son poids concret. Heureusement, ces coups de feu n'ont atteint que des murs. Je pense à d'autres lieux où règne vraiment la folie meurtrière des armes : guerre de gangs, conflits armés.

Mais une évidence lumineuse s’impose à moi.

Nos modestes jeux de doigts, chansons et comptines partagés dans ce moment-là ont été bien plus qu'un dérivatif, une échappatoire. Ils ont eu le pouvoir de créer, à l'instant même où ce bruit de mort est venu oblitérer notre quotidien, une oasis d'humanité indispensable.

... Et bien plus encore. Ce qui s'est installé là, cet espace où les humains partagent et nourrissent, ensemble et avec leurs petits, les racines même de leur humanité : un parent qui raconte semailles et moissons en chemins de sensations sur la peau de son enfant, quel meilleur appui contre les dérives que la violence veut imposer à notre monde ?

 

Certains jours, on n'a aucun doute sur l'importance de notre métier de conteur.euse. Je retournerai dès que possible dans cet endroit, espérant pouvoir continuer cette aventure fondamentale et vitale : offrir des moments précieux d'oralité partagée.

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